17ème Congrès du RIODD
16-18 nov. 2022 Aubervilliers (France)

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Territoires en transitions et bien vivre : que mettent en lumière les indicateurs alternatifs ? Regards croisés sur trois démarches d’évaluation : l’IBEST, le RCI et MOSA

Jeudi 17 novembre - 11:30-13:00, salle 4.023 (4ème étage, Bâtiment Sud)

Responsables de la session

Cécile Ezvan, Excelia ; Laboratoire : CERIIM (ezvanc@excelia-group.com)

Fiona Ottaviani, Grenoble Ecole de Management (fiona.ottaviani@grenoble-em.com)

 

Dans un contexte de crises multidimensionnelles (sociales, environnementales, économiques, démocratiques), la question de la transition socio-écologique est devenue aujourd’hui incontournable. Quel contenu donner à cette transition socio-écologique ? Comment outiller les acteurs pour accompagner ces transitions à l’échelle des territoires ?

Les indicateurs alternatifs constituent un contrepoint à une conception étroite de l’économie qui s’axe essentiellement sur des indicateurs de performance, au détriment des aspects sociaux et environnementaux du bien vivre. Ils servent dès lors à « desserrer l’évidence et l’hégémonie des indicateurs de la concurrence économique mondialisée » (Gourgues et al., 2018, p. 177) dans un contexte de progression d’une gestion néolibérale des territoires (Béal, Rousseau, 2008). Rendre visible les dynamiques sociales des territoires et impulser une discussion collective sur les valeurs sociales qui comptent constituent des étapes essentielles à la construction d’autres horizons de la politique publique.
De nombreuses initiatives pour construire des indicateurs alternatifs ont vu le jour à l’étranger (États-Unis, Canada, Australie, Italie, Belgique, Japon, etc.) comme en France (Bretagne, Pays-deLoire, Hénin-Carvin, Grenoble, Île-de-France, Gironde, Nord Pas de Calais, etc.). Ce type d’initiatives se sont nourris des différents rapports parus entre 2001 et 2010 (Rapport Viveret, 2002 ; Rapport Perret, 2002 ; Rapport de la commission Stiglizt-Sen, 2009) et du mouvement pour d’autres indicateurs de richesse – porté en France notamment par le collectif Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesse (FAIR)1 – qui pointaient les limites de la quantification traditionnelle de la performance des territoires au profit d’une approche élargie de la richesse. Ce champ de réflexion s’est nourri et partage une accointance avec les réflexions conduites autour de l’utilité sociale pour prendre en compte la valeur sociale créée par les organisations.
Si chacune de ces expériences a procédé à des avancées méthodologiques intéressantes (Le Roy et Ottaviani, 2015) et si les usages (en termes d’observation, d’évaluation et de pilotage) à différentes fins de ces indicateurs sont maintenant effectifs dans certaines expériences ayant passées l’épreuve du temps (Indicateurs de santé sociale en Nord-Pas-de-Calais, Indicateurs de bien-être soutenable territorialisés à Grenoble, RCI etc.), la contribution des organisations au bien vivre et la multidimensionnalité du territoire demeurent mal prise en compte par les approches existantes.
Le but de la session est de croiser plusieurs démarches collectives visant à prendre en compte de manière plus multidimensionnelle la valeur sociale créée dans les territoires, qui pourront à terme servir de référentiel partagé entre les acteurs d’un territoire afin d’objectiver la transition et de dynamiser la coopération entre acteurs. A cette fin, le projet se nourrira :

- de deux expériences d’indicateurs alternatifs ayant passé l’épreuve du temps en France  :les indicateurs de bien-être soutenable territorialisés (IBEST) développés à Grenoble et l’indicateur de capabilité relationnelle (RCI) ayant été développé à différents niveaux

- et d’une expérience en cours autour de l’évaluation de l’utilité sociale territoriale.

(a) L’expérience de construction d’indicateurs de bien-être soutenable territorialisés (IBEST) a été développée dans le sillage de réflexions ayant émergé depuis 2002 sur le territoire grenoblois pour repenser la richesse sur les territoires. Cette expérience menée repose sur une démarche collective (impliquant des chercheurs, des professionnels des politiques publiques, des habitants, des militants) et a permis de développer un tableau de bord du bien-être soutenable servant de référentiel aux politiques locales à l’échelle de la métropole. Le tableau de bord est composé de huit dimensions fixées de manière participative : 1) le travail et l’emploi ; 2) l’affirmation de soi et l’engagement ; 3) la démocratie et le vivre ensemble ; 4) l’environnement naturel ; 5) la santé ; 6) l’accès et le recours aux services publics ; 7) le temps et le rythme de vie ; 8) l’accès durable aux biens de subsistance.

(b) Le Relational Capabilities Index (Giraud et al., 2013) est axé sur la qualité du lien social. Il a été développé dans le cadre des recherches du programme CODEV et constitue un indicateur complémentaire aux indicateurs de pauvreté existants. Il utilise la méthode Alkire–Foster (Alkire and Foster, 2011) pour agréger différentes dimensions de la pauvreté.
1 Ce forum rassemble des chercheurs comme Jean Gadrey, Florence Jany-Catrice, Jean-Marie Harribey ; des hauts
fonctionnaires : Patrick Viveret, Bernard Perret ; des personnes issues du milieu associatif ainsi que des
professionnels des collectivités publiques : Hélène Combe, Célina Whitaker, etc.
Ces trois dimensions sont : 1) l’intégration dans les réseaux ; 2) les relations privées ; 3) l’engagement civique. Cet indicateur a été construit pour différentes échelles (organisation, niveau national, local, etc). Il a notamment été utilisé pour le Nigeria, l’Indonésie, l’Argentine, le Mexique et le Brésil dans une approche axée sur la responsabilité sociale des entreprises (Ezvan et al., 2018). Une version élargie à la soutenabilité environnementale a été proposée (Cottalorda et al., 2019) et déclinée entre 2020 et 2022 dans 10 écolieux français de la coopérative Oasis.

(c) MOSA est une grille d’analyse de compréhension et d’évaluation du territoire (Lavoine, Ottaviani, 2021). Elle a été créée et est utilisée dans le cadre d’une thèse pour une organisation de l’économie sociale et solidaire qui se questionne sur son (r)apport au territoire, sur son utilité sociale territoriale. Elle a été construite sur la base d’une revue de littérature et d’entretiens et fait émerger une vision multidimensionnelle du territoire, fondée sur deux dialectiques qui structurent quatre dimensions du « territoire ». La première dialectique s’opère entre l’espace i.e. une vision matérielle (ressources naturelles et infrastructurelles du territoire – M) et le sens i.e. une vision symbolique et politique du territoire (histoire, appartenance, dynamiques, … - S). La deuxième dialectique travaille le lien entre le territoire prescrit i.e. une vision administrative du territoire (quartiers, zones rurales, villes, métropoles, … - A) et le territoire construit i.e. une vision organisationnelle (réseau d’acteurs formels et informels, chaîne de valeur, … - O). Ces quatre dimensions permettent de décrire les effets d’une intervention dans un territoire constitué de différentes échelles.

Communication

Jeudi 17/11 - 11:30 - 13:00, salle 4023 (4ème étage, Bâtiment Sud)

11:30 - 11:50         › Mesurer le bien-vivre en écolieux : une analyse sous le prisme de la qualité des relations - Cécile EZVAN - ESSEC Business School, Cécile Renouard - ESSEC Business School, Hélène L'Huillier - Université Lille 1 - Sciences et technologies     
 
11:50 - 12:10         › Sobriété et soutenabilité forte, une analyse de 10 éco-lieux français - Cécile Ezvan - CERIIM, Hélène L'Huillier - Programme CODEV, Cécile Renouard - Centre Sèvres     
 
12:10 - 12:30         › Indicateurs de bien-être et soutenabilité à l'échelle locale : une approche intégrée - Fiona Ottaviani, Centre de Recherche en Economie de Grenoble     
 
12:30 - 12:50         › Prendre en compte le territoire dans l'évaluation de l'utilité sociale - Eléonore Lavoine, Clermont Recherche Management – CleRMa – Université Clermont Auvergne – Chaire Territoire en transition GEM

 

Bibliographie

Alkire, S. et Foster, J. (2011), “Counting and Multidimensional Poverty Measurement”, Journal of
Public Economics, 95 (7–8), p. 476–487.

Cottalorda, P.-J., Curkierman, P., Ezcan, C., L’Huillier, H. et Renouard C. (2019), « Connecting capabilities in a local geographical context: the environmental dimension of relational capabilities, literature review and preliminary questions”, Working paper.

Ezvan, C., L’Huillier, H. et Renouard, C. (2018), “Measuring and enhancing relational capabilities. In defence of a relational view of the firm”, In. Lindgreen et al. (Ed.), Engaging With Stakeholders. A relational Perspectie on Responsible Business, Chapitre 1.4.

Gourgues, G., Le Roy, A. et Ottaviani, F. (2018), « De la construction participative d’indicateurs aux rapports de force politique urbains : réflexions sur des indicateurs alternatifs grenoblois », Géographie, Economie, Société, 20(2), p. 159-182.

Le Roy, A. et Ottaviani, F. (2015), « La diversité des expériences locales d’indicateurs alternatifs : une étape nécessaire ? », Revue d’économie régionale et urbaine, 3, p. 533-555.

Offredi, Cl. et Laffut, M. (2013), « Le bien-être peut-il être un critère d’évaluation de l’action publique ? », Revue française d’administration publiques, 4, n ° 148, p. 1003-1016.

Perret, B. (2002), Indicateurs sociaux, état des lieux et perspectives. Les Papiers du CERC, Rapport au conseil de l’Emploi, des Revenus et de la Cohésion Sociale, janvier.

Thiry, G. (2017), « De nouveaux indicateurs de richesse en France : deux ans après la « Loi Sas », où en est-on ? », Développement durable & territoires, 8(1), https://journals.openedition.org/developpementdurable/11594

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