Programme > SCIC, communs et transition agricoleLes Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (SCIC), un espace des communs permettant de favoriser la transition agricole et alimentaire
Responsable(s) de la session
Présentation de la sessionEn accentuant les défis planétaires nécessitant de repenser la durabilité de notre écosystème, la crise sanitaire actuelle impose en effet de réfléchir à des modalités nouvelles et alternatives de faire société et de répondre aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et politiques contemporains (Adler 2014; Barin Cruz et al. 2017; Cheney 2014). De ce fait, toute démarche participant à une transition vers un modèle plus soutenable apparaît comme nécessaire et souhaitable. Or, le secteur agri-alimentaire, de par sa multifonctionnalité (sécurité sanitaire et alimentaire, accessibilité et durabilité des ressources alimentaires, qualité des produits, protection des ressources et de l’environnement, gestion et partage des espaces ruraux…), est particulièrement sensible à ces enjeux de développement durable (Sommer et al. 2018). La question agricole rassemble par nature des enjeux très spécifiques au territoire et s’inscrit depuis toujours dans des dimensions d’action collective (entraide dans les travaux des champs, ou bien, selon les sociétés existence de terres gérées collectivement dans certaines communautés). Au début du XXe siècle, les coopératives qui se diffusent dans le monde ouvrier prennent également place dans le monde agricole et elles s’inscrivent alors comme une alternative aux négociants et au capitalisme (Draperi et Touzard, 2003). La mise en commun prend place dans le secteur agricole avec le partage d’outils de production et de commercialisation (ex, de la coopérative de Maraussan). La coopération agricole a nettement évolué depuis, prenant des formes et présentant des valeurs tout à fait hétérogènes (Jaouen et al. 2020). L’objectif de cette session est, grâce à l’approche par les communs d’analyser l’arrivée et le développement des SCIC dans le secteur agri-alimentaire. La SCIC représente en effet une « véritable rupture coopérative » dans le secteur agricole (Thomas 2008: 21) en posant explicitement la question d’un intérêt collectif devant être partagé par un ensemble d’acteurs plus large que les seuls agriculteurs à travers le multi-sociétariat. En cela, elle invite un questionnement autour de la matérialisation du caractère hybridé de la régulation des communs incluant un ensemble de parties prenantes territoriales, y compris les collectivités (Defalvard et Fontaine 2018; Draperi 2017). Si la SCIC agricole semble être une réponse adéquate aux impératifs de développement durable, elle prend forme à la marge d’un modèle dominant fondé sur une agriculture dite intensive et soumise à une concurrence mondiale. Il convient alors de questionner la capacité de ce modèle alternatif à passer d’un statut d’acteur marginal à celui d’acteur central, notamment en faisant évoluer les normes et standards du secteur agricole vers plus de responsabilité et de durabilité (Boström et al. 2015). De plus, les travaux existants sur les SCIC mettent en lumière les nombreux obstacles à une pérennisation de ces organisations, qu’il s’agisse des tensions inhérentes à la double finalité économique et sociale, de la fragilité des modèles économiques, de la difficile animation du multisociétariat, des tensions d’apprentissage liées à la taille critique de l’organisation, des conditions de réplicabilité favorisant l’essaimage du modèle, ou encore d’une altération des valeurs et pratiques par contamination (Bonnemaizon et Béji-Bécheur 2018 ; Maignan et al. 2018 ; PICRI PAP SCIC 2016 ; Sanders et McClellan 2014). Cette session propose ainsi de contribuer à ce débat en regroupant des chercheur·e·s issu·e·s de différentes sciences humaines et sociales (droit, économie, gestion, sciences politiques, sociologie, etc.) à même d’éclairer les questionnements suivants (et bien d’autres) :
CommunicationsVendredi 18/11 - 13:30-15:00, salle 3.122 (3ème étage, Bâtiment Sud)
BibliographieAdler P. S. (2014). Capitalism in Question. Journal of Management Inquiry, 23(2), 206-209. Barin Cruz L., Aquino Alves M., Delbridge R. (2017). Next steps in organizing alternatives to capitalism: Toward a relational research agenda: Introduction to the Special Issue. M@n@gement, 20(4), 322-335. Bonnemaizon A., Béji-Bécheur A. (2018). Démocratie du statut à l’action. Revue française de gestion, 276(7), 123-142. Boström M., Jönsson A.M., Lockie S., Mol A.P.J., Oosterveer P. (2015). Sustainable and responsible supply chain governance: challenges and opportunities. Journal of Cleaner Production, 107, 1-7. Cheney G. (2014). Alternative organization and alternative organizing. Critical Management Studies. Defalvard H., Fontaine G. (2018). « Construire les PTCE comme des communs sociaux : quel rôle pour les pouvoirs publics ? » RECMA N° 349(3), 56-70. Draperi J-F. (2017). « En quête du commun ». RECMA N° 345(3), 4-6. Draperi, J. F., & Touzard, J. M. (2003). De Maraussan 1901 à Maraussan 2001: coopératives, territoires et mondialisation. Les coopératives entre territoires et mondialisation, 11. Jaouen A., Jaeck M., Joly C., Kessari M. (2020). Les magasins de producteurs : Vers un renouveau de l’action collective des PME agricoles. Revue internationale PME, 33(3-4), 261-296. Maignan M., Arnaud C., Château Terrisse P. (2018). La gestion des tensions organisationnelles dans les coopératives multisociétaires à vocation sociale : Le cas d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif dans le secteur du logement social. Management international, 22(2), 128-143. PICRI PAP SCIC. (2016). Les Scic, entreprises de demain : Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion. RECMA, 340, 52-64. Sanders M. L., McClellan J. G. (2014). Being business-like while pursuing a social mission: Acknowledging the inherent tensions in US nonprofit organizing. Organization, 21(1), 68-89. Sommer M., Gauche K., Temri L. (2018). Petites entreprises en système de management collectif. Revue française de gestion, 274(5), 111-125. Suarez N., Triboulet P., Arnaud C., Château Terrisse P. (2021). Les enjeux agricoles adressés par les SCIC : analyse textuelle d’une revue de presse. RECMA, 363, disponible en ligne. Thomas F. (2008). Scic et agriculture : Le temps des défricheurs. RECMA, 310, 17-30. |
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