17ème Congrès du RIODD
16-18 nov. 2022 Aubervilliers (France)

Programme > SCIC, communs et transition agricole

Les Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (SCIC), un espace des communs permettant de favoriser la transition agricole et alimentaire


Vendredi 18 novembre - 13h30-15h30 - salle 3.122 (Bâtiment Sud, 3ème étage)

Responsable(s) de la session


Collectif de chercheur·e·s SCIC-AGRI :

  • Frédérique Allard (Université Toulouse III, Paul Sabatier, laboratoire LGCO) – frederique.allard@univ-tlse3.fr
  • Myriam Kessari (Ciheam IAMM, UMR MOISA ; Montpellier Recherche en Management) - kessari@iamm.f
  • Charlène Arnaud (Université Toulouse III, Paul Sabatier, laboratoire LGCO) 
  • Julien Brailly (ENSAT, UMR AGIR)
  • Ketty Bravo (Université Toulouse III, Paul Sabatier, laboratoire LGCO) 
  • Pascale Château-Terrisse (ENSAT, UMR AGIR) 
  • Anne-Laure Gatignon-Turnau (Université Toulouse III, Paul Sabatier, laboratoire LGCO) 
  • Myriam Kessari (Ciheam IAMM, UMR MOISA) 
  • Raphaële Peres (Marseille ESPI, laboratoire ESPI2R) 
  • Magdalena Potz (IMPGT, laboratoire CERGAM) 
  • Sarah Serval (IMPGT, laboratoire CERGAM) 
  • Maël Sommer (Université Toulouse III, Paul Sabatier, laboratoire LGCO) 
  • Pierre Triboulet (INRAE Toulouse, UMR AGIR) 
  • Marie-Anne Verdier (Université Toulouse III, Paul Sabatier, laboratoire LGCO) r

Présentation de la session

En accentuant les défis planétaires nécessitant de repenser la durabilité de notre écosystème, la crise sanitaire actuelle impose en effet de réfléchir à des modalités nouvelles et alternatives de faire société et de répondre aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et politiques contemporains (Adler 2014; Barin Cruz et al. 2017; Cheney 2014). De ce fait, toute démarche participant à une transition vers un modèle plus soutenable apparaît comme nécessaire et souhaitable. Or, le secteur agri-alimentaire, de par sa multifonctionnalité (sécurité sanitaire et alimentaire, accessibilité et durabilité des ressources alimentaires, qualité des produits, protection des ressources et de l’environnement, gestion et partage des espaces ruraux…), est particulièrement sensible à ces enjeux de développement durable (Sommer et al. 2018). La question agricole rassemble par nature des enjeux très spécifiques au territoire et s’inscrit depuis toujours dans des dimensions d’action collective (entraide dans les travaux des champs, ou bien, selon les sociétés existence de terres gérées collectivement dans certaines communautés). Au début du XXe siècle, les coopératives qui se diffusent dans le monde ouvrier prennent également place dans le monde agricole et elles s’inscrivent alors comme une alternative aux négociants et au capitalisme (Draperi et Touzard, 2003). La mise en commun prend place dans le secteur agricole avec le partage d’outils de production et de commercialisation (ex, de la coopérative de Maraussan). La coopération agricole a nettement évolué depuis, prenant des formes et présentant des valeurs tout à fait hétérogènes (Jaouen et al. 2020).

L’objectif de cette session est, grâce à l’approche par les communs d’analyser l’arrivée et le développement des SCIC dans le secteur agri-alimentaire. La SCIC représente en effet une « véritable rupture coopérative » dans le secteur agricole (Thomas 2008: 21) en posant explicitement la question d’un intérêt collectif devant être partagé par un ensemble d’acteurs plus large que les seuls agriculteurs à travers le multi-sociétariat. En cela, elle invite un questionnement autour de la matérialisation du caractère hybridé de la régulation des communs incluant un ensemble de parties prenantes territoriales, y compris les collectivités (Defalvard et Fontaine 2018; Draperi 2017). Si la SCIC agricole semble être une réponse adéquate aux impératifs de développement durable, elle prend forme à la marge d’un modèle dominant fondé sur une agriculture dite intensive et soumise à une concurrence mondiale. Il convient alors de questionner la capacité de ce modèle alternatif à passer d’un statut d’acteur marginal à celui d’acteur central, notamment en faisant évoluer les normes et standards du secteur agricole vers plus de responsabilité et de durabilité (Boström et al. 2015). De plus, les travaux existants sur les SCIC mettent en lumière les nombreux obstacles à une pérennisation de ces organisations, qu’il s’agisse des tensions inhérentes à la double finalité économique et sociale, de la fragilité des modèles économiques, de la difficile animation du multisociétariat, des tensions d’apprentissage liées à la taille critique de l’organisation, des conditions de réplicabilité favorisant l’essaimage du modèle, ou encore d’une altération des valeurs et pratiques par contamination (Bonnemaizon et Béji-Bécheur 2018 ; Maignan et al. 2018 ; PICRI PAP SCIC 2016 ; Sanders et McClellan 2014).

Cette session propose ainsi de contribuer à ce débat en regroupant des chercheur·e·s issu·e·s de différentes sciences humaines et sociales (droit, économie, gestion, sciences politiques, sociologie, etc.) à même d’éclairer les questionnements suivants (et bien d’autres) :

  • De quels communs la SCIC agricole peut-elle être le lieu d’expression ?
  • Comment se formalisent les institutions du commun dans la SCIC agricole ? Comment le multi-sociétariat, ses enjeux, ses tensions, peut-il alimenter le cadre des communs ? Quelles modalités juridiques permettent d’appuyer le développement de SCIC autour d’un bien commun ? La gouvernance des SCIC nécessite-elle une formalisation plus avancée pour limiter le dévoiement du modèle ou bien cela risquerait de limiter les possibilités d’innovation ?
  • Les SCIC ne recréent-elles pas un écosystème réduit, traversé par les tensions que l’on retrouve sur le territoire ? Ou bien, un écosystème réduit, permet-il la résolution de tensions présentes sur un territoire ? Enfin, les SCIC permettent-elles d’appuyer le développement d’une société circulaire ?

Communications

Vendredi 18/11 - 13:30-15:00, salle 3.122 (3ème étage, Bâtiment Sud)

 
13:30 - 13:50         › Porter en commun une alternative : quelles trajectoires des SCIC- organisations alternatives - entre ESS et acteurs dominants du champ agricole ? - Célia Auquier, Université Toulouse III, Paul Sabatier, UMR Agir - Charlène ARNAUD, Université de Versailles Saint Quentin-en-Yvelines - Pascale Chateau Terrisse, ENSAT, UMR AGIR - Pierre Triboulet, Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement     
 
13:50 - 14:10         › Les SCIC, des organisations renouvelant les pratiques et cadres organisationnels pour faire commun : entre modèle économiques durables et gouvernance agonistique, comment se fabrique l'alternative ? - Charlène Arnaud, Laboratoire Gouvernance et Contrôle Organisationnel - Anne-Marie Verdier, Laboratoire Gouvernance et Contrôle Organisationnel     
 
14:10 - 14:30         › Un modèle d'entreprise auto-gouvernée ? La SCIC CAE pour une transformation globale et durable de la société - Frédérique Allard, Laboratoire Gouvernance et Contrôle Organisationnel - Ketty Bravo, Laboratoire Gouvernance et Contrôle Organisationnel     
 
14:30 - 14:50         › Le commoning : Entre agir politique, agir collectif et construction de biens communs. Le cas d'une SCIC dans le secteur agri-alimentaire - Myriam Kessari, Institut agronomique méditerranéen de Montpellier, UMR MoISA - Montpellier Recherche en Management ; Sarah Serval, Centre d\'Études et de Recherche en Gestion dÁix-Marseille

 

Bibliographie

Adler P. S. (2014). Capitalism in Question. Journal of Management Inquiry, 23(2), 206-209.

Barin Cruz L., Aquino Alves M., Delbridge R. (2017). Next steps in organizing alternatives to capitalism: Toward a relational research agenda: Introduction to the Special Issue. M@n@gement, 20(4), 322-335.

Bonnemaizon A., Béji-Bécheur A. (2018). Démocratie du statut à l’action. Revue française de gestion, 276(7), 123-142.

Boström M., Jönsson A.M., Lockie S., Mol A.P.J., Oosterveer P. (2015). Sustainable and responsible supply chain governance: challenges and opportunities. Journal of Cleaner Production, 107, 1-7.

Cheney G. (2014). Alternative organization and alternative organizing. Critical Management Studies.

Defalvard H., Fontaine G. (2018). « Construire les PTCE comme des communs sociaux : quel rôle pour les pouvoirs publics ? » RECMA N° 349(3), 56-70.

Draperi J-F. (2017). « En quête du commun ». RECMA N° 345(3), 4-6.

Draperi, J. F., & Touzard, J. M. (2003). De Maraussan 1901 à Maraussan 2001: coopératives, territoires et mondialisation. Les coopératives entre territoires et mondialisation, 11.

Jaouen A., Jaeck M., Joly C., Kessari M. (2020). Les magasins de producteurs : Vers un renouveau de l’action collective des PME agricoles. Revue internationale PME, 33(3-4), 261-296.

Maignan M., Arnaud C., Château Terrisse P. (2018). La gestion des tensions organisationnelles dans les coopératives multisociétaires à vocation sociale : Le cas d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif dans le secteur du logement social. Management international, 22(2), 128-143.

PICRI PAP SCIC. (2016). Les Scic, entreprises de demain : Le multisociétariat à l’épreuve de la gestion. RECMA, 340, 52-64.

Sanders M. L., McClellan J. G. (2014). Being business-like while pursuing a social mission: Acknowledging the inherent tensions in US nonprofit organizing. Organization, 21(1), 68-89.

Sommer M., Gauche K., Temri L. (2018). Petites entreprises en système de management collectif. Revue française de gestion, 274(5), 111-125.

Suarez N., Triboulet P., Arnaud C., Château Terrisse P. (2021). Les enjeux agricoles adressés par les SCIC : analyse textuelle d’une revue de presse. RECMA, 363, disponible en ligne.

Thomas F. (2008). Scic et agriculture : Le temps des défricheurs. RECMA, 310, 17-30.

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