17ème Congrès du RIODD
16-18 nov. 2022 Aubervilliers (France)

Programme > Communs fonciers

Communs fonciers, terre et eau au cœur des alliances avec le végétal face aux aléas : quels apports des approches géographiques et territoriales pour saisir le champ de l’incertitude?

Vendredi 18 novembre - 11:00 - 12:30, salle 3.02 (Centre des Colloques)

Responsable(s) de la session

David GOEURY (Sorbonne Université, Médiations.Sciences des lieux, sciences des liens) – david.goeury@gmail.com

Philippe SIERRA (Lycée Pierre de Fermat) – phsierra@yahoo.com

Présentation de la session

La gestion collective du foncier a dominé et domine encore de vastes espaces où les dynamiques végétales complexes nécessitent des outils de gestion et des aménagements particuliers. Face à l’aléa, de nombreuses sociétés misent sur des alliances avec ces structures végétales dont les rythmes doivent être respectés pour faire face aux aléas. Aujourd’hui, repenser les relations entre sociétés et végétaux au prisme des logiques collectives offre des perspectives fécondes pour discuter des modalités de la territorialisation à même de faire face aux risques mais aussi de réguler des conflits d’usage dans un contexte dominé par l’incertitude. Or, un tel travail nécessite de repenser les catégories qui ont fondé les outils qui ont permis d’approcher la question territoriale et notamment l’outil cartographique.

La géographie et la cartographie ont été fortement influencées par la nécessité de catégoriser et de garantir un développement territorial sur un temps long quitte à mettre en invisibilité les logiques saisonnières ou aléatoires au prix d’une simplification sémiologique. Il semble donc nécessaire d’interroger les fondements épistémologiques de ces deux sciences pour mieux comprendre les défis à surmonter.

Nous proposons 3 axes de questionnement non exhaustifs. Nous restons à l’écoute d’interrogations émergentes à même de dialoguer avec les pistes envisagées ci-dessous.

1. Axe 1 : Histoire et épistémologie de l’approche des communs par les géographes et les cartographes. Quels héritages et quelles pédagogies à venir ?

Nous ouvrons la possibilité d’interroger la constitution des savoirs géographiques et surtout la relative marginalisation des approches sur les communs. Dans cet axe nous proposons de réfléchir à l’absence de prise en compte ou à la faible prise en compte des communs par les géographes. Il sera intéressant de revenir sur les approches de la géographie classique. Comment Elisée Reclus, les auteurs de la géographie vidalienne ou encore Jean Brunhes ont abordé les espaces impliquant des pratiques de gestion en commun, notamment pâturages, forêts, estran ou espaces semi-arides et oasis ? Comment par la suite les grands clivages entre géographie humaine et géographie physique ont-ils rendu la réflexion sur les communs fonciers difficiles ? N’a-t-on pas assisté à une disjonction entre les réflexions biogéographiques sur les formes végétales particulières et les réflexions politiques sur les formes institutionnelles de gestion de ces mêmes formes végétales particulières ? Faut-il repenser les approches pédagogiques actuelles pour permettre une sensibilisation plus large à la question des communs ?

2. Axe 2 : Approches cartographiques des communs. Comment intégrer les communs fonciers dans les représentations des territoires ?

La carte constitue un élément fondamental de l’approche des territoires. Elle est devenue un des outils premiers d’appui à la décision politique d’aménagement. Mais, les communs, par leur superposition des usages et leurs temporalités complexes sont difficiles à représenter. Quelles représentations peut-on créer pour mieux en présenter les caractéristiques ? Comment doivent-ils être inclus dans la cartographie institutionnelle pour permettre une lecture plus évidente par les décideurs ? Des tentatives de construction alternatives de cartes des communs sont déployées par de nombreux collectifs militants, comment interagissent-elles avec la production cette cartographique institutionnelle? Est-il possible d’établir un nouveau consensus sémiologique à même de disposer d’outils partagés entre décideurs, experts, habitants et militants ou au contraire faut-il maintenir une diversité cartographique?

3. Axe 3 : Les communs dans les dynamiques territoriales. Comment réintégrer des logiques de fronts et d’espaces en mouvement ?

Les biens communs et désormais les communs fonciers sont revenus au cœur des discours publics. Cependant, la dimension mouvante des communs fonciers est souvent figée par des délimitations administratives strictes. Dès lors les logiques végétales sont arrêtées sans réfléchir aux logiques de lisières, de continuités, de gradation qui structurent de nombreux communs fonciers. Faut-il alors appliquer des logiques de trames ou plutôt réfléchir à des logiques de porosité ? Ce débat apparaît comme particulièrement difficile dans un contexte de tension croissante sur le foncier mais aussi de logiques de responsabilité juridique sur la propriété foncière qui organise les approches territoriales. Or dans un contexte de changement global se pose cette question du mouvement. Quelles leçons retenir des communs mouvants toujours en fonctionnement aujourd’hui ? Quelles alliances avec des végétaux structurants territorialement sont à même d’être établies pour faire face au changement global à moindre coût ?

Communications

Vendredi 18 novembre - 11:00 - 12:30, salle 3.02 (Centre des Colloques)

11:00 - 12:30     › Bien commun, espace de liberté ou milieu à protéger ? Typologies d'usagers des forêts des Boucles de la Seine Normande - Charlotte Birks, Centre d'études des transformations des activités physiques et sportives - Charly Machemehl, CETAPS - Damien Féménias, Centre d'études des transformations des activités physiques et sportives (CETAPS), Sciences Appliquées à l'Environnement (SCALE)     
11:00 - 12:30     › Cartographier les communs nourriciers en Albanie. Méthodes, enjeux et finalités - Orianne Crouteix, Montpellier Research in Management - Claire Bernard-Mongin, Cirad Direction Générale     
11:00 - 12:30     › Spatialisation et superposition des arrangements d'usage forestier : les maîtrises forestières dans le Gran Chaco argentin - Pierre Gautreau, Pole de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique     
11:00 - 12:30     › Terroirs communs et dynamiques agraires : une analyse comparée de l'histoire agraire récente du Burkina Faso, de l'Équateur et de l'Inde - Sébastien Bainville, Montpellier SupAgro, Montpellier Interdisciplinary center on Sustainable Agri-food systems (Social and nutritional sciences) - CLAIRE AUBRON, Montpellier SupAgro, Systèmes d\'élevage méditerranéens et tropicaux - Olivier Philippon, Montpellier SupAgro, Systèmes d\'élevage méditerranéens et tropicaux

Bibliographie

BRUNHES J. (1910), La géographie humaine. Essai de classification positive. Principes et exemples, éditions Alcan, Paris.

CALAME P. (2015), « Gestion des communs et œconomie », Éthique publique, 17, 2, http://ethiquepublique.revues.org/2268.

CORIAT B. (2015), Le retour des communs – La crise de l’idéologie propriétaire, Paris, Les Liens qui Libèrent.

FAVERO M., GATTO P., DEUTSCH N. & PETTENELLA D. (2016), “Conflict or synergy? Understanding interaction between municipalities and village commons (regole) in polycentric governance of mountain areas in the Veneto Region, Italy”, International Journal of the Commons, 10, 2, pp. 821-853, http://doi.org/10.18352/ijc.470.

KIRWAN S., DAWNEY L. & BRIGSTOCKE J. (2016), “The promises of the commons Space, Power and the Commons: The Struggle for Alternative Futures”, in KIRWAN S., DAWNEY L. & BRIGSTOCKE J. (eds.), New York, Routledge, pp. 1-27.

LOCHER F. (2013), « Les pâturages de la Guerre froide : Garrett Hardin et la “Tragédie des communs” », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 60, 1, pp. 7-36.

OSTROM E. (2010), Gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles, Bruxelles, De Boeck.

RECLUS E. (1905-1908), L'homme et la Terre, Paris, Librairie universelle.

VIVIEN F.D. (2009), « Pour une économie patrimoniale des ressources naturelles et de l’environnement », Mondes en développement, 1, 145, pp. 17-28.

WEINSTEIN O. (2015), « Comment se construisent les communs », in CORIAT B. (dir.), Le retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire, Paris, Les liens qui libèrent, pp. 69-86.

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